C’est un article que je ferai court. J’étais devant un film de Michael Mann, Miami Vice, pour être précis. Là, un couple s’embrasse sous la douche. Le corps de Jamie Foxx est saillant. A ma droite, un homme pouffe.
Plus tard, un hors-bord navigue sur l’infinie de l’océan Atlantique, il s’envole. Musique. Extase complète. Je sens la salle peu fébrile.
Nous sommes à Paris. Dehors, il fait moche. Devant nous, le summum de l’âme humaine, la dépense énergétique à l’état pur : l’amour, la vitesse, le risque. L’essence qui brule. Devant nos yeux : la propulsion infinie de l’homme sur la mer, qu’il dompte, qu’il écrase. Pour les végans parisiens, une occasion en or de catharsis. Mais la culture a déjà gagnée ici, on regarde les américains comme des hystériques incapables de controler leurs pulsions. On regarde ce film, l’air supérieur. On écoute Orelsan qui chante l’odeur de l’essence. C’est ça qu’on y voit, en 2021. Pourra on encore rouler vite en voiture et se sentir heureux ? De l’autre côté de l’Atlantique, on y croit encore, mais ici, on est déjà trop intelligent.
Pourtant, le cinéma est fait de ça, je crois, d’émotions.