LORA est un scénario de long métrage que j’ai écrit de Septembre 2022 à Février 2023. C’est une histoire de deux femmes liées par des relations intriquées qui ré-apprennent à s’aimer, l’une, l’autre. Je considère ce scénario comme mon meilleur à ce jour. C’est un film au féminisme et au lesbianisme latent, puisque je ne suis qu’un homme. Tourné entre Arcachon, Paris et les montagnes, ce film trahit une folie esthéthique bien contemporaine que j’ai résumée en trois mots.
VOYEURISME
DISSOCIATION
SPECTACLE
Après cet épisode, j’ai commencé à devenir de plus en plus attentive à la manière dont les autres femmes – inconnues dans la rue ou célébrités dans les médias – se débrouillaient avec leurs cheveux blancs et, plus largement, avec tout ce qui n’allait jamais avec leur corps. J’intensifiais une attitude déjà bien ancrée chez moi et que, par extension, je prête à toutes les autres : le voyeurisme. Car les femmes se regardent entre elles, s’observent, s’admirent, se jugent. Même dans la solitude du miroir, nos corps ne sont jamais seuls, ils sont entourés, hantés par d’autres. Cette parade de regard dessine un invisible et silencieux réseau dans l’espace public : la publicité, les unes des magazine, tout concourt à exciter jusqu’à la nausée cette grande séance d’observation.
Extrait du livre La Seconde Femme, Murielle Joudet, 2022
[…]
Naître femme, c’est naître, à l’intérieur d’un espace restreint et délimité, sous la garde des hommes. La présence sociale des femmes, c’est le résultat de leur ingéniosité à vivre sous cette tutelle à l’intérieur d’un espace aussi limité. Le prix a payer a été la dissociation de leur être. Une femme doit se surveiller sans cesse. L’image qu’elle donne d’elle même l’accompagne presque toujours. Lorsqu’elle traverse une pièce ou pleure la mort de son père, elle ne peut pas ne pas se voir en train de marcher ou de pleurer. Depuis sa plus tendre enfance, on lui a appris et on l’a obligée à se surveiller sans cesse. […] Les hommes regardent les femmes alors que les femmes s’observent en train d’être regardées. Cela détermine non seulement les relations entre les hommes et les femmes, mais également la relation de la femme à l’égard d’elle même. Le surveillant intériorisé est perçu en tant qu’homme et l’être surveillé en tant que femme. […] C’est ainsi que la femme se transforme en objet et plus particulièrement en objet du voir : un spectacle.
[…]
Les actrices spéctacularisent la position des femmes dans l’espace social : entre elles et nous, il n’y a qu’une différence de degré.
(Chapitre introductif Le Scénario Femme.)