La peur du vide

Ça y est, j’ai fini la faculté. J’ai tellement fini la faculté que je suis toujours incapable d’écrire trois lignes sans faire une faute. J’ai fini la fac, j’ai de nouvelles facultés. Et puis passé les première heures à faire des jeux de mots, un constat subite me frappe. JE ME FAIS CHIER. Et pourtant… Et pourtant je suis quasiment overbooké. Je tourne trois films dans les deux prochains mois, dont un que je réalise. Alors quoi, je devrais profiter des vacances, de quelques jours de vide, c’est ce que les gens font. Profiter, ne rien faire qu’apprécier le soleil sur ma peau, qu’apprécier l’alcool dans mes veines, c’est beau mais je n’y crois pas.

Quand je n’ai rien à faire, mon cerveau entre en mode panique. Ça n’a rien à voir d’un banal repos ou de l’ennui, c’est bien plus dur, les rejets de mon hyperactivité, des idées qui m’assaillent, des lubies. « Et si je partais en kayak sur un fleuve ? » Des heures à regarder les kayaks gonflables et à comparer les modèles. « Oh, mais on a inventé une nouvelle technologie ? » Des heures à comprendre des choses inutiles. Ma vie c’est comme ça, il ne faut pas que j’ai trop de temps ou je me met à chercher des choses à faire, à courir partout pour chercher du sens ; alors je me lance dans des projets terribles et faramineux. En vacance aussi, il faut aller vite, voir le plus possible, quitte à conduire des heures en pleurant sur les routes siciliennes. Ma peur du vide m’amène à me surbooker, alors je suis surbooké et je courbe l’échine, le meilleur moment étant l’entre deux, l’équilibre. Si j’ai pu en faire pleins de choses géniales, cette peur m’a aussi joué des tours, engagé dans de mauvaises idées qui créent des problèmes en cascade. Ne pas combler bêtement le vide, ou plutôt, savoir comment attendre, je crois que le cinéma permet justement ça.

J’aime le cinéma parce que tout y est compressé, tout y est prenant. Dans un film, personne ne va aux toilettes, personne ne dort ; tout à un sens. Les émotions sont claires, les personnages ont des motivations profondes qui les agitent. Voir un film, s’immerger dans ses personnages, c’est là toute la force du cinéma : combler le vide humain. Voilà pourquoi les films français sont chiants, il n’ont pas compris qu’on voulait vivre ; enfin tout dépend de sa définition du mot vivre… Moi j’aime vivre à New York, d’autres aiment vivre en France.

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