– Tu aimes quoi comme film ?
– Ha moi..? J’aimes bien les films d’auteurs.
Il est une magnifique invention de la bande à Truffaut que l’on nomme la politique des auteurs. Cette idée que le réalisateur est l’auteur est évidemment de toute beauté, mais cette idée a créé à retardement l’essoufflement de son essence même. Le cinéma d’auteur est devenu chiant et poncif ; Enfin pas exactement.
Une sorte de petite analyse en l’air… sur cette étrange Dichotomie qui existe dans nos esprits (français?), cette frontière entre un cinéma d’auteur et un autre… de Studio ? Une frontière floue et irréelle qui n’a pourtant cessé d’appauvrir chacuns des deux partis, l’un en argent et l’autre en talent.
penser
Truffaut croyait bien faire. Expliquant à tous que BORDEL, un réalisateur travaille. Ce n’est normalement ni le producteur, ni l’acteur, ni le scénariste, qui fait le film. Le scénariste suggère un plan ; mais c’est bien le choix de l’homme à la casquette qui définit si on compatira ou non avec le protagoniste qui tue sa femme. Truffaut par contre, n’a vraisemblablement pas pensé à la confusion énorme qu’il créait en nommant Auteur un mec qui n’écrit normalement rien.
Plus tard, Truffaut fût pris de grandes visions et se mit à faire des films irregardables pour toute personnes possédant un semblant d’amour propre. Le public, qui rappelons le, aime les grosses voiture, les belles femmes et les meurtres, se trouva bien embarrassé de devoir penser au cinéma. Il se dit alors qu’il fallait créer un genre ultime, plaçons donc à côté du Western et de la Comédie, l’aberrant film d’auteur.
L’étiquette film d’auteur a donc créé une fausse ligne dans l’esprit du spectateur qui sépare les films arbitrairement et sans se soucier de l’idée de Truffaut. Woody Allen est un auteur non ? Et pourtant il dit lui même se foutre de la caméra… Finalement, cette magnifique idée a simplement servi à marginaliser un cinéma intéressant, le retirant toujours plus vers un cinéma sans budget : “le spectateur n’aimes pas réfléchir” pensent les studios ; Et les films passés que nous glorifions (2001, Le Parrain etc.) sont aujourd’hui quasi inatteignables car il demande 1. un auteur 2. du budget : deux mots devenus lentements aussi mélangeable que Jean et Jasmina… Ça marche souvent, mais tout le monde grince des dents à l’idée.
Pour étayer le tout, je citerai la conversation absurde que j’ai eu avec une amie très cultivée mais pas en cinéma qui m’a soutenu que Films d’auteurs = Il y a un message ; Film Hollywoodien = Il y a une esthétique. Méditons. J’ai aussi récemment découvert que certaines personnes ne savait même pas faire la différence entre réalisateur, producteur et scénariste…
Nous, fiers cinéphiles, pouvons nous dire épargnés de cette fausse conception et pourtant…
écrire
L’ami Truffaut et sa bande, après avoir bien signalé que le réalisateur c’est l’auteur, se sont par derrière, précipité d’écrire eux même leurs scénarios. Et puis vu qu’ils étaient pauvres et prétentieux, ils se sont aussi dit qu’ils pouvaient monter le film, en faire la musique et j’en passe.
Toute cette conception fût ensuite terriblement appréciée et les réalisateurs sont vites devenus auteurs-réalisateurs (sans citer notre ami Dolan : auteur-réalisateur-acteur-monteur-costumier-cuisinier). Cette idée que le réalisateur doit tout faire, s’oppose farouchement à l’intérêt du film. Au lieu d’avoir des films américains léchés, nous avons donc des films où (sauf avec les génie), l’amateurisme nous saisi. Par voie de conséquence, l’amateurisme est par ailleurs devenu l’image du film d’auteur pour les non cinéphiles et un gage de qualité pour les cons.
Vous comprenez… si il fait tout lui même c’est un auteur.
Mais l’auteur n’est il pas justement celui qui arrive à composer avec les autres ?
tourner
Tout cela est d’ailleurs en train de détruire dans l’oeuf notre jeune génération (moi y compris) qui pense :
- Oh j’ai écris un scénario, y’a plus qu’à le tourner.
- Je pourrais faire la caméra.
- Je veux faire un film... Et si j’écrivais un scénario.
- Je sais jouer de la musique alors je vais faire ma BO.
Cette idée que l’on peut mais surtout que l’on doit tout faire, en plus d’aller à l’encontre de toute démarche de qualité (comment peut être bon en tout ? J’exclus les génies), donne à tout le monde l’idée qu’ils sont des auteurs incompris, des artistes, des vrais.
Triste constat mes amis quand on voit ce que ce con de Godard nous a mis dans les pattes… Il faisait pourtant des films plutôt rigolo mais voilà qu’on croit tous avoir son talent pour les faux semblants…
J’ajouterai en dernier point l’idée qui m’a fait venir à rédiger cet article, celle des auteurs oubliés ou auteurs lights. Ce sont des mecs (désolé les filles…) qui ont fonctionné dans un système de production Hollywoodien, qui avait un style moins marqué que les Hitchcock et autre Lynch mais ont réalisés bon nombre de films à succès avec Maestria. Ces réalisateurs, réellement auteur si l’on suit Truffaut, se sont malheureusement retrouvés perdus dans cette triste dichotomie, mélangés au tout venant d’Hollywood (le démon). Il en résulte que bien qu’ils soit géniaux et sans doute bien plus professionnels que notre ami Rohmer, on les a quelques peu oubliés.
Alan Parker et J-Pakula. Michael Cimino et Mann, Sydney Lumet et Otto Preminger.
Je suis calme à présent. J’espère que ma vue vous à au moins divertie et fait réfléchir, comme tout bon film d’auteur. Surtout, n’hésitez pas à flageller la prochaine personne que vous entendrez dire : Ah oui, et je suis allé voir ce petit film d’auteur Argentin, c’était tourné au téléphone : sympa… Ça ressemblait vraiment au dernier film de Brad Pitt.