Le soleil va descendre et disparaître,
Les lumières sont déjà allumées.
Depuis ce matin elles sont en feu,
Elles ne s’éteindront que quand le travail sera fini,
Que quand le dernier sera parti,
Alors il glissera dans le couloir jusqu’à la nuit,
par une petite porte dérobée, on allumera une alarme.
Le dernier est une femme. C’est elle qui travaille le plus ici.
Car quand elle rentre elle est seule. Ici aussi mais elle a des dossiers.
Tous ces dossiers qu’elle traite.
On vient dans son bureau.
Des milliers de visages, elle s’occupe des ressources humaines.
Elle voit tous ces visages – et elle pense à les embrasser parfois.
Car ces visages sont plus attirants que ceux qu’elle voit le soir dans ce petit bar du 16 ème.
Parfois elle y va.
La musique est trop forte mais le bar est chic.
Elle est chic, le barman lui sert un cocktail.
Il est noir, on embauche peu de noirs.
Le barman est bien habillé mais il ne devrait pas.
Quand il est chez lui il ne s’habille pas comme ça.
Mais il doit plaire à la chef des ressources humaines.
‘ enfin à sa chef de salle.
Il ne sait plus trop pour qui il s’habille.
Il ne voit que son sourire.
Des mots s’échappent, elle rit. Un client l’interrompt.
Le client croit qu’il est bien mais il commande un Mojito.
‘ Satanés Mojitos,
‘ Satanés clients,
‘ Tous des privilégiés,
pense le barman.
Alors le barman fait son Mojito,
Elle regarde comment il travaille.
Elle regarde les bras du barman.
Peut être pourrait il l’embrasser.
ou simplement l’embrasser d’avec les bras, la tenir.
Simplement la faire tenir,
Car elle voit trop de visages. Aucun n’est a elle.
Elle n’est plus qu’une lumière dans un bureau.
Il n’est qu’une lumière dans la nuit de sa vie.
Mais la lumière s’éteint.
Elle pense à sa noirceur qu’elle croit toucher de son doigt.
Mais c’est tout elle qui s’éteint.
La femme s’effondre.
Le client est médecin, c’est une crise cardiaque.
L’ambulance arrive et le barman pleure.
La chef de salle lui dit de rentrer chez lui.
Il est chez lui.
demain, il servira plus de bière.